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  • Photo du rédacteurÉric Baudet

Clément Blondel, 19 ans, futur éleveur de bovins dans le Bocage normand


Clément Blondel au Gaec Bas-Normand à Sainte-Marie-La-Robert le 6/12/2022 © Eric Baudet

En deuxième année de BTS Acse (Analyse conduite et stratégie de l’entreprise agricole), à la MFR-CFTA (Maison familiale rurale), Clément tente de se réchauffer auprès du barbecue en cette glaciale matinée de novembre. Il a organisé, en compagnie de deux autres étudiants une dégustation gratuite de viande bovine sur le marché de La Ferté Macé.

« Dans le cadre de mes études, je devais créer une opération de communication, c’est pour ça que je suis ici ce matin. Pour faire la promotion d’une viande bovine de qualité. Le but, c’est de dire aux consommateurs de consommer moins de viande, mais mieux. La viande d’éleveurs qui sont sensibilisés au bien-être de leurs bovins. Les animaux sont nourris à l’herbe et permettent d’entretenir et valoriser les prairies. La viande de ces bêtes est riche en acides gras qui sont essentiels pour la santé et elle est délicieuse et persillée. »

Ce jeune homme posé, titulaire d’un Bac pro obtenu au lycée Le Robillard de Saint-Pierre-en-Auge informe les passants sur les avantages et les bienfaits de la consommation de produits locaux: « Je crois plus à la filière courte. Cela fait vivre nos agriculteurs et maintient une filière dans le département de l'Orne. »

Son diplôme en poche, en juin prochain, il prévoit de travailler comme salarié dans un premier temps avec l’objectif de s’installer sur une exploitation dans les cinq années à venir. « J’ai la chance d’être né dans une grande région laitière et je souhaite me lancer dans la production

de lait AOP dès que cela sera possible. Je valoriserai la race des vaches Normandes et je ferai aussi quelques bœufs pour la viande. »

Il apprend son métier sur la ferme d’Anthony Leduc à Sainte-Marie-La-Robert où il est en stage quinze jours par mois. À l’été 2022, il a passé cinq semaines au Canada, dans une ferme de Caoticook, une petite ville du sud du Québec, à la frontière des États-Unis.

« J’étais sur une exploitation qui compte 80 vaches laitières et qui ressemble à ce que l’on trouve en Normandie. Par contre sur la ferme d’à côté, il y avait 600 bêtes. C’est trop, c’est le modèle productiviste à outrance. »

L’agriculture, il est tombé dedans quand il était petit, même si son père est agent territorial et sa mère secrétaire comptable. « Gamin, je prenais mon vélo pour aller sur l’exploitation de mon oncle. Les machines agricoles me fascinaient. Ma famille est originaire de Rânes et mes grands-parents étaient agriculteurs. »

Clément est passionné par son futur métier. Il a bien conscience de la nécessité qu’a la nouvelle génération d’éleveurs de savoir mieux communiquer et jouer la carte de la transparence auprès du grand public. « Bien sûre notre profession est parfois stigmatisée dans les médias. Les citadins étaient plus connectés avec le monde rural avant. Un fossé s’est creusé et pour le combler ce n’est pas simple. Les gens ne voient pas assez ce que l’on fait. C’est humain, les clichés et les préjugés ».


Je suis plus souvent sur TikTok et Youtube que devant le journal de TF1


En trois générations le métier d’agriculteur a beaucoup évolué. On est passé d’une économie de l’auto-suffisance à une économie productiviste. À leurs débuts, ses grand-parents ne possédaient pas de tracteur, labouraient la terre à la charrue avec un cheval, mangeaient ce qu’ils faisaient pousser dans leur potager et il y avait trois vaches dans l’étable.

« Le nombre de vaches dans les fermes a été multiplié par 20 ou 30. Les anciens n’avaient pas grand-chose, mais parfois je me dis qu’ils étaient plus heureux que les agriculteurs d’aujourd’hui. Ils n’étaient pas dépendants de la banque ou de l’assurance. Ils n’achetaient que ce dont ils avaient besoin quand ils avaient les moyens et prenaient le temps de faire les choses.»

La malaise paysan, Clément ne le méconnaît pas. Il a été marqué par le film Au nom de la Terre d’Édouard Bergeon sorti en 2019 avec l’acteur Guillaume Canet. L’histoire d’un éleveur d’ovins poussé au suicide à cause du surendettement. « Le film a été tourné dans le département d’à

côté, en Mayenne et c’est une histoire vraie. Il faut être vigilant sur les investissements à faire lorsque l’on s’installe, emprunter ce que l’on est sûre de pouvoir rembourser. »

Clément, comme tous les jeunes de sa génération s’informent via internet même s’il lit la presse agricole quand il tombe dessus. « Je suis plus souvent sur Tik-tok et Youtube que devant le journal de TF1 » reconnaît-il volontiers. « Je suis beaucoup d’agriculteurs qui expliquent leur métier et partagent leur expérience sur les réseaux sociaux. Ce sont des personnes qui innovent ou essaient d’améliorer leur manière de travailler et qui ont développé des connaissances techniques. Cela m’intéresse car c’est différent de ce que je peux voir en cours. J’aime bien la chaine d’Etienne agri youtubeurre par exemple.»

Aves ses parents, il a découvert la Dordogne, l’Auvergne et l’Alsace mais il concède que la Normandie lui manque vite : « Quand je suis en vacances ailleurs, il n’y a pas besoin d’attendre des années pour que j’ai envie d’y revenir. Une semaine ça me suffit presque. »

Pour lui, le Bocage normand, c'est une ambiance et une culture particulière ou l'on s'entre-aide beaucoup. « J’aime voir des haies dans tous les coins de champs. Un Normand pour moi, c’est quelqu’un d’ouvert aux autres, quelqu’un de solidaire et compréhensif dans ses échanges personnels et professionnels. C’est aussi quelqu’un qui sait d’où vient sa nourriture et qui sait ce qu’il met dans son assiette. »


Contactez Eric Baudet:

Tel: 0612636605

















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